Scène IV
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Les porteurs sont fourbus.
Ou pour le moins bien las. [1500]
Madame, c'est ici que j'ai laissé mon Maître
Je ne sais pas pourquoi, pour se battre peut-être.
Il n'y paraît personne. Ha je n'en doute plus,
S'en est fait : et nos pas sont ici superflus
Si l'un d'eux, ou tous deux ont achevé de vivre, [1505]
Ils m'auront enseigné par où je les dois suivre
N'en doutez point Cassandre, en un malheur pareil
De mon seul désespoir je suivrai le conseil.
Alors aimable soeur d'un peu sincère frère,
Peut-être ferez-vous ce qu'il aurait dû faire, [1510]
Vous aurez de mes maux quelque compassion.
J'ai besoin comme vous de consolation.
Nous craignons vous et moi pour deux aimables frères,
Nous ne craignons pas moins pour leurs chers adversaires,
Je ne vous trouve pas plus à plaindre que moi. [1515]
Ô Dieu ! N'est-ce pas là le Comte que je vois,
Sans chapeau, sans casaque, au bord de la rivière ?
D'un funeste accident j'ai la peur toute entière,
Je le vois dans l'état qu'on est quand on se bat,
Je n'en dois plus douter ils ont fait leur combat, [1520]
Il est seul, et mon frère aura perdu la vie,
Et le barbare Comte à sa rage assouvie,