Page:Scarron-oeuvres Tome 6-1786.djvu/17

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Ne t’imagine pas à voir ma vanité,
Que je m’attache tant aux gens de qualité :
Si je trouve ou bourgeois, ou vieillard qui soit riche,
Par d’honnêtes faveurs, dont je ne suis pas chiche,
Je saurai le gagner ; lors ma condition
Se pourra bien passer de mon invention,
Et lors avec honneur, sans faire de bassesse,
Je pourrai soutenir l’éclat de ma noblesse :
Pour cet effet, je vole aux oiseaux passagers,
Et notre politique en veut aux étrangers.
J’ai de bons espions dans les hôtelleries,
Dans les postes, bureaux, coches, messageries,
Tu m’es un bon second, et notre Olivarès,
Pour nos nobles desseins est comme fait exprès,
Aux yeux de cent jaloux, il sait faire un message.

Louize.

Bref, votre Olivarès est un grand personnage.

Stefanie.

Il a su découvrir qu’un certain vrai marquis
Arrive dans Madrid, et sait bien son logis.
Ce seigneur étranger, si j’ai bonne mémoire,
A nom dom Blaize Pol, marquis de la Victoire.

Louize.

La peste, que de noms !

Stefanie.

La peste, que de noms !Cela sent son seigneur.

Louize.

Madame, j’apperçois votre écuyer d’honneur.

Stefanie.

Il nous apportera quelques bonnes nouvelles.

Louize.

C’est le phénix, l’extrait des écuyers fidèles.

Stefanie.

Dis-moi la vérité que tu ne le hais pas.

Louize.

Je pense aussi pour lui ne manquer pas d’appas.