Et comment ferais-tu ?
Feignez tout attristé
Que votre oncle vous a tout net déshérité,
Que ma mère est sa soeur, mariée en Galice, [655]
Et que par mon bonheur, ou par mon artifice
Lui faisant cent rapports que vous ne valez rien,
Le bonhomme en mourant m'a laissé tout son bien.
Vous savez qu'à la cour on ne me connaît guère,
Que je parle un langage étonnant le vulgaire ; [660]
Et qu'ayant autrefois appris quelque latin,
Je sais, quoique laquais, dire sort, et destin ;
Parler Phoebus, écrire, en vers ainsi qu'en prose,
Appliquer bien ou mal une métamorphose,
Si malgré mon langage et mine de pédant [665]
Votre Hélène reçoit le nouveau prétendant,
Pour l'espoir des grands biens dont il fera fanfare,
Plantez pour reverdir cette maîtresse avare ;
Prenez-moi bien et beau Madame Léonor,
Et ce sera changer votre argent faux en or. [670]
Bien je veux essayer avec ton stratagème
De savoir s'il est vrai que c'est mon bien qu'on aime.
Il faut battre le fer cependant qu'il est chaud,
L'héritier Ridicule agira comme il faut.
ACTE III
Scène I
Mon Dieu ! Ne jurez point, ou véritable ou feinte, [675]
Une noire tristesse en votre face est peinte.