ie au feu.
Me voilà tantôt cuit, quoique aussi dur que roche, [855]
En donnant seulement encor un tour de broche :
Et bien vous en riez ?
Tout autant que je puis.
Je divertis toujours les maisons où je suis,
Cependant qu'en rêvant mon esprit se repose
Carmagnolle !
Monsieur. [860]
Raconte quelque chose [860]
À Madame, fais-lui quelques contes plaisants,
Tels que tu m'en faisais durant mes jeunes ans :
Tu me dis quelquefois mille coyonneries,
Qui font crever de rire : et dans tes railleries
Tu réussis assez ; mais trêve du prochain, [865]
Dis-lui que Dom Diègue est pour mourir de faim.
Et qu'il a seulement pour sa mère, ma tante,
Pour ses soeurs et pour lui, trois cents Ducats de rente,
Qu'il ne peut disposer de ces trois cents Ducats,
Mais du seul usufruit, ce qui n'est pas grand cas ; [870]
Qu'il a perdu ce bien pour mainte et mainte faute,
Qu'il pensait tout avoir, et contait sans son hôte,
Que pour avoir été par trop Vénérien,
Joueur, filou, hargneux ; en un mot un Vaurien.
Mon Oncle Dom Pelage, ayant appris ces choses, [875]
L'a frustré de son bien pour ces trop justes causes,
Que ce qu'il m'a laissé vaut en argent comptant
Trois cent mille Ducats.
Et les meubles autant.
Vraiment, mon Cavalier, vous êtes donc bien riche ?
Oui, ma belle, et sachez si vous n'êtes pas chiche [880]
De ce que je ne veux recevoir que de vous,
Que tous mes biens seront en commun entre nous.
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