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Page:Scarron-oeuvres Tome 6-1786.djvu/216

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Pour si peu de sujet de peindre tant de peine :

Mais les civilités de la charmante Hélène

Sont toutes dans l'excès, et c'est me reprocher

Que m'ayant obligée, il fallait rechercher

Dès aujourd'hui l'honneur de la voir la première : [985]

Accordez un pardon à mon humble prière,

Vous verrez par les soins que je veux prendre exprès

Qu'il est bon de faillir, pour faire mieux après ;

Votre bonté pourtant en m'obligeant m'afflige.

HÉLÈNE

Quand on vous fait plaisir, soi-même l'on s'oblige, [990]

Pour le peu que j'ai fait tant de remerciement

Me fait voir ma faiblesse assez adroitement :

Mais si je l'avais pu, j'aurais fait davantage.

LÉONOR

L'interprétation sensiblement m'outrage,

Je ne conteste pas avec vous de l'esprit : [995]

La conversation de l'autre jour m'apprit

Combien vous en avez, et que jointe à vos charmes

Personne contre vous n'a d'assez fortes armes.

BÉATRIX

Madame.

LÉONOR

, elle parle à l'oreille.

Approchez-vous ; est-il déjà là-bas ?

BÉATRIX

Oui, Madame.

LÉONOR

À l'instant je reviens sur mes pas, [1000]

Vous me pardonnez bien une faute si grande,

C'est un Oncle Tuteur qui là-bas me demande.

HÉLÈNE

Nous ne sommes ici que pour vous obéir.

LÉONOR

Pour cet acte incivil, vous me devrie