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Page:Scarron-oeuvres Tome 6-1786.djvu/222

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À cause qu'il est riche, elle aime plus le bien [1095]

Que vertu ni noblesse.

DOM JUAN

Et moi je n'en crois rien.

Ce Dom Pedre tantôt lui donne sérénade,

L'homme que vous voyez, lui dresse une embuscade.

Où je ferai savoir à ce gros paysan,

Combien pèsent les coups que donne un courtisan : [1100]

Nous verrons à ce soir lequel a belle amie.

DOM DIÈGUE

Vous irez éveiller une Dame endormie,

Faire aboyer des chiens, émouvoir le Bourgeois,

Faire pleuvoir sur vous des pierres, et du bois.

Laissez-là ce Dom Pedre, et par mon entremise, [1105]

Hélène vous sera demain peut-être acquise.

Si vous me promettez d'agir d'autre façon :

Ce Campagnard Dom Pedre, est un mauvais garçon,

Et bien qu'il soit d'esprit, et de corps ridicule,

Il passe en son pays pour un brave, un Hercule. [1110]

DOM JUAN

Bien s'il est Hercule, et moi j'en serai deux,

Démordre d'un dessein, quand il est hasardeux,

Je ne le fis jamais, vous perdez votre peine,

Il laissera la vie, ou bien l'amour d'Hélène.

DOM DIÈGUE

Dom Juan, croyez-moi, le cas est bien douteux ; [1115]

Faites plus sagement, attendez le boiteux :

Sur le moindre incident, on rompt un mariage.

DOM JUAN

Et durant ce temps-là, que fera mon courage ?

DOM DIÈGUE

.

Je vous en avertis, mon cousin se bat bien ?

DOM JUAN

Et moi, me bats-je mal ?

DOM DIÈGUE

Vous n'y gagnerez rien. [1120]

DOM JUAN