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Page:Scarron-oeuvres Tome 6-1786.djvu/260

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Vous savez pourtant bien [285]

Ce que vous me devez ?

DOM FÉLIX

Moi ? Je ne vous dois rien.

DOM SANCHE

Vous devez accomplir par un juste Hyménée

La parole autrefois à ma Nièce donnée,

Et bien considérer que le noeud qui vous joint

Se peut bien relâcher, mais qu'il ne se rompt point. [290]

Je ne m'étonne point d'un jeune homme volage ;

Mais je m'étonne fort d'un second mariage,

Qu'on dit que vous traitez au grand mépris des Lois,

Qui ne permettent pas deux femmes à la fois.

Sachez bien qui je suis, vous devez vous attendre, [295]

(Si vous nous offensez en un endroit si tendre,)

Qu'un homme qui toujours a vécu noblement,

Ne relâchera rien de son ressentiment.

DOM FÉLIX

Est-ce tout ?

DOM SANCHE

C'est assez.

DOM FÉLIX

Oui, pour me faire rire.

Mais vous avez beau faire, et vous avez beau dire, [300]

Je suis trop jeune encor, pour un joug si pesant ;

Que votre Nièce soit bien sage, et ce faisant,

Quelque somme d'argent pourra la satisfaire ;

Mais surtout prenez garde, elle et vous, à vous taire.

DOM SANCHE

Je ne donnerai pas mon honneur pour si peu. [305]

DOM FÉLIX

Je l'achèterais trop, étant votre Neveu.

DOM SANCHE

Je saurai me venger sur vous d'un tel outrage.

DOM FÉLIX

Frappez-moi, tuez-moi, mais point de mariage.