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Page:Scarron-oeuvres Tome 6-1786.djvu/273

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Madrid ne fera plus gloire de ses coquettes ;

Tolède seulement a des beautés parfaites ; [570]

Et je trouve à Tolède, et dès le premier jour,

Ce que je n'ai jamais pu trouver à la Cour.

LUCIE

À ces riches discours qui pourraient me confondre,

Il me faudrait beaucoup de temps pour y répondre.

À Tolède on n'a pas l'esprit assez présent ; [575]

Vous vous donnez à moi, c'est un riche présent,

Dont vous devez, Monsieur, vous rendre un peu plus chiche,

Je ne veux point de vous, car je serais trop riche :

Et vous qui vous donnez si témérairement,

Sachez que vous seriez traité cruellement, [580]

Et que vous ne savez pas bien ce que vous faites.

DOM DIÈGUE

Je sais ce que je fais ; je sais ce que vous êtes ;

Je sais qu'en vous voyant, je trouve dans vos yeux

Un plaisir approchant de la gloire des Cieux :

Mais hélas ! Je ne sais si cette gloire offerte, [585]

Doit être mon salut, ou doit être ma perte.

LUCIE

Et moi je sais fort bien qu'un homme de la Cour,

Feint fort facilement qu'il va mourir d'amour.

BÉATRIX

J'ai trouvé le Cocher, il était dans la place.

LUCIE

Ha ! Vraiment ce coquin mérite qu'on le chasse. [590]

BÉATRIX

Ce sera fort bien fait, car ce n'est qu'un vaurien.

LUCIE

Cupidon vous assiste et vous fasse du bien.

Adieu mon Cavalier.

DOM DIÈGUE

Ô Dieu qu'elle est aimable !

Et que je suis, Alphonse, un Amant misérable,

Si celle que je viens en ces lieux épouser [595]

N'est pas cette beauté qui vient de m'embraser.