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Page:Scarron-oeuvres Tome 6-1786.djvu/283

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Vous me dispenserez, nous avons elle et moi

Quelque chose à vider.

HÉLÈNE

Elle et vous ? Et pourquoi ?

Je ne vous puis souffrir ainsi seul avec elle.

LUCIE

Quoi, jalouse de moi ? La fantaisie est belle, [860]

Et d'où vous vient, ma soeur, cette gentille humeur ?

HÉLÈNE

De la vôtre, coquette.

LUCIE

Ho, ho, ma bonne soeur,

Vous me voulez du mal.

HÉLÈNE

Et vous, dont je m'étonne,

Vous voulez trop de bien à certaine personne.

LUCIE

Si je lui veut du bien, vous en étonnez-vous ? [865]

Dois-je haïr celui qui sera votre époux ?

HÉLÈNE

Devez-vous essayer qu'il devienne le vôtre ?

LUCIE

Je ne cours pas ainsi sur le marché d'un autre,

Et puis je connais bien que j'y perdrais mes pas,

Vous le courez trop fort, pour ne l'attraper pas. [870]

HÉLÈNE

Vous ne fûtes jamais qu'indiscrète et piquante.

LUCIE

Je ne serai jamais que votre humble servante.

HÉLÈNE

Vous devriez donc avoir pour moi plus de respect ?

LUCIE

Monsieur vous devrait donc être un peu moins suspect.

HÉLÈNE