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Page:Scarron-oeuvres Tome 6-1786.djvu/285

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Si vous vouliez pourtant faire cette promesse,

Moi, qui n'ai point encor vu d'homme qui se blesse,

Vous ne me verriez plus douter de votre foi : [905]

Mais nous perdrions trop, et Dorothée et moi,

Et Messieurs vos enfants demeureraient sans père.

DOM FÉLIX

Dois-je mourir d'Amour pour qui me désespère ?

LUCIE

Dois-je mourir d'amour devant que savoir bien

Si Dorothée est sage, et vous homme de bien ? [910]

HÉLÈNE

Ah ! Seigneur Dom Félix, c'est se rompre la tête ;

Vous ne connaissez pas cette méchante bête ;

Si vous vous arrêtez à ce qu'elle dira,

Mon pauvre Dom Félix, l'esprit vous tournera.

Apprenez qu'aujourd'hui son Démon la possède, [915]

Et quand ce mal lui prend, qu'il n'est point dans Tolède

D'homme assez patient pour ne pas enrager.

LUCIE

Laissez-moi donc ici pour fuir ce danger,

Et courez vitement où Dom Félix vous mène,

Mon Père vous attend, que vous mettez en peine : [920]

Allez, ma chère soeur, allez vérifier

Si ce beau gentilhomme est bon à marier.

HÉLÈNE

Ce n'est pas tant pour vous que je prends cette peine,

Que pour lui.

LUCIE

Mais plutôt, ma bonne soeur Hélène,

Ce n'est pas tant pour lui, ni pour moi, que pour vous, [925]

Que vous désirez tant de le voir mon époux,

Mais vous ne songez pas que vous faites attendre

Mon père.

HÉLÈNE

Et le carrosse ?

DOM FÉLIX

Il nous doit venir prendre

Au détour de la rue.

HÉLÈNE