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Page:Scarron-oeuvres Tome 6-1786.djvu/316

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Tout ceci s'est passé comme un grand feu de paille ;

Un moment a vu naître et finir la bataille ;

Dom Félix est tombé dans tous ces accidents ;

En un demi quart d'heure, et même en moins de temps

DOM DIÈGUE

Il est donc en prison ?

DOM PEDRO

Et de si bonne sorte, [1645]

Qu'il faudra qu'il l'épouse auparavant qu'il sorte :

Elle a bonne promesse, outre deux beaux enfants,

Dont le plus vieil, dit-on, n'a pas plus de deux ans.

Dom Gaspard paraît.

Mais c'est là notre Exempt, ou bien je n'y vois goutte,

Puisqu'il vous rit au nez, je ne suis plus en doute, [1650]

Qu'en ce que Dom Félix a souffert aujourd'hui,

Vous n'ayez pour le moins autant de part que lui.

DOM DIÈGUE

Monsieur, il n'est plus temps de vous cacher la chose ;

Du mal qu'a Dom Félix, vous seul en êtes la cause.

DOM PEDRO

Moi, la cause ?

DOM DIÈGUE

Oui, vous, mais fort innocemment, [1655]

Au lieu que dom Félix souffre bien justement.

Car enfin Dom Félix est fourbe très insigne,

Et de votre alliance un homme très indigne.

Quand vous serez instruit de ses déportements,

Vous me direz alors s'il est vrai que je mens, [1660]

Et me confesserez, qu'épousant votre Fille,

Il était pour troubler toute votre famille ;

Et c'est ce qui m'a fait, je le confesse bien,

Rompre son mariage, et reculer le mien.

Et le petit Janos et cette Dorothée, [1665]

Est une Histoire feinte à dessein inventée,

Et l'une et l'autre Lettre est une invention

Qui vous doit faire voir ma bonne intention,

Bien mieux que les desseins intéressés d'un traître,

Comme on a cru les miens, devant que les connaître ; [1670]

Recevez donc, Monsieur, pour ce gendre perdu,

Mon Cousin Dom Gaspard qui s'est ici rendu,