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Page:Scarron-oeuvres Tome 6-1786.djvu/36

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D. Blaize.

Vous êtes un long tems, me semble, à me répondre,
Devroit-on là-dessus avoir à vous semondre ?

Blanche.

Quand bien on m’offriroit, ce qui ne se peut pas,
Un époux plus que vous à mes yeux plein d’appas,
Et dont la qualité fût plus considérable,
Ce qui n’est pas possible, encore moins croyable ;
Quand au lieu de marquis, vous seriez un grand roi,
Le pouvoir que mon pére a toujours eu sur moi,
Qui n’ai jamais songé qu’à l’aimer, à lui plaire,
M’auroit fait consentir au bon choix de mon pére.
Ainsi pour deux raisons j’aime un si digne époux,
Et parce qu’il le veut, et parce que c’est vous.

D. Blaize.

Ordugno ! qu’en dis-tu ? la Sibylle Cumée,
M’eût moins par son discours l’ame enthousiasmée.
Ordugno ! l’artisan qui peignit son portrait
N’a pu, le fat qu’il est, la rendre trait pour trait.
Ordugno ! j’ai grand’peur qu’une femme si belle
De moi son papillon deviendra la chandelle,
Ordugno !

Ordugno.

Ordugno ! Quoi, monsieur ?

D. Blaize.

Ordugno ! Quoi, monsieur ? Elle en tient.

Ordugno.

Ordugno ! Quoi, monsieur ? Elle en tient.Sûrement.

D. Blaize.

Mais à bon chat bon rat, j’en tiens pareillement.
Ordugno ! la maison me choque en sa structure,
Il en faudroit changer toute l’architecture,
La chambre est en bicoin, tout au moins il faudroit
Abattre l’angle aigu, pour en refaire un droit.
Ordugno !

Ordugno, d’un ton chagrin comme ennuyé d’être tant appelé.

Ordugno ! Monseigneur !

D. Blaize.

Ordugno ! Monseigneur !Quelle façon maudite
De répondre ! Est-ce point que le faquin s’irrite