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Page:Scarron-oeuvres Tome 6-1786.djvu/417

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Quant au Galicien dom Roc Zurducaci,
Je lui donne congé de s’appeler ainsi :
Auroit-il bien l’esprit d’être mon secretaire ?

d. alfonse.

Jeune comme je suis, monsieur, je sais tout faire.
Je rase, je blanchis, je cous, je sais saigner,
Je sais noircir le poil, le couper, le peigner,
Je travaille en parfums, je sais la médecine,
J’entends bien les procès, et fais bien la cuisine ;
Je suis grand spadassin, excellent écuyer,
Fort entendu chasseur et parfait jardinier ;
J’écris françois, gothique, italien, tudesque,
J’écris en héroïque aussi-bien qu’en burlesque ;
Je fais des impromptus, rondeaux et bouts-rimés :
Bref, je suis bel-esprit, et des plus renommés :
Regardez si je suis digne d’être des vôtres.

d. japhet.

Et plus que digne : holà, je casse tous les autres :
Car lui seul me suffit avec mon Foucaral.

d. alfonse.

Monsieur, je ne vais point sans mon ami Pascal.

d. japhet.

Qu’il soit mis sur l’état. Pourquoi cette soutane ?
Êtes-vous in sacris, id est, antiprofane ?
Êtes-vous médecin, êtes-vous avocat ?

d. alfonse.

Monsieur, je suis pourvu d’un bon canonicat.

d. japhet.

De Rome j’obtiendrai par grace singuliére,
Que vous puissiez aller vêtu d’autre maniére,
Le pape mon cousin ne m’en peut refuser,
Quittez donc la soutane, ou l’achevez d’user.
Zurducaci ?

d. alfonse.

                       Seigneur.