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Page:Scarron-oeuvres Tome 6-1786.djvu/419

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Et pour toi, tu feras sagement de te taire :
Ou retourne à Madrid, ou bien me laisse faire.
Mais j’apperçois venir celle qui m’a charmé.
Vis-tu jamais un corps par le ciel mieux formé ?
Et si je te disois qu’un esprit admirable
Anime ce beau corps, te serois-je croyable ?

marc-antoine.

Non, par ma foi, monsieur.

d. alfonse.

                                          Éloignons-nous un peu.

marc-antoine.

À la voir seulement vous étiez tout en feu.


Scène IV.

LÉONORE, MARINE.
léonore.

Je ne le puis celer, je l’aime.

marine.

                                                          À la bonne heure,
Puisqu’il vous aime aussi, voulez-vous tout-à-l’heure
Que j’aille lui parler ?

léonore.

                                                 ! tu ne sais pas tout.

marine.

Est-ce que l’Adonis se tient sur le bon bout ?
Je ne le pense pas ; car il en a dans l’aîle,
Et se plaint tous les jours de votre humeur cruelle.
Pourquoi donc tant pleurer ? quelqu’autre de ce bourg
A-t-elle eu le pouvoir de gagner son amour ?
Vous êtes belle et riche, et quoique villageoise,
Vous pouvez aspirer à devenir bourgeoise ;
S’il étoit grand seigneur, comme il n’est qu’écolier.

léonore.

Si tel que tu le vois il étoit cavalier !