Le voilà tout paru : par l’ame de Noé,
La sotte a l’œil brillant et l’air bien enjoué.
Quoi, vous m’appelez sotte ?
Hà, petite mignonne !
Sotte entre courtisans, c’est-à-dire friponne.
Friponne ? encore pis.
Oui, tu m’as friponné
Mon cœur infriponnable, œil émérillonné :
Hà ! Si le ciel t’avoit fait naître une duchesse,
S’il t’avoit seulement fait naître une comtesse,
Nous pourrions, en vertu du lien conjugal,
Coucher en même lit sans qu’on en dît du mal :
Mais, hélas ! par malheur, ta naissance est trop basse,
Et l’hymen entre nous auroit mauvaise grace ;
Si bien que sans rien craindre, et sans scrupuliser,
À simple concubine, il faut s’humaniser,
Si tu veux posséder un corps comme le nôtre.
Monsieur, vous me prenez sans doute pour une autre :
Si le ciel vous a fait trop grand seigneur pour nous,
Le ciel m’a fait aussi pour un autre que vous.
Marine, allons-nous-en.
Hà, beauté printaniére !
Veux-tu me fuir ainsi, comme une bête fiére ?
Tu ne t’en iras pas sans m’avoir pardonné
Le pardonnable effet d’un amour forcené.
Et toi, de ce lion, tigresse inséparable,
N’auras-tu point pitié d’un amant misérable ?
Et vous, monsieur Japhet, de Noé descendu,
Tous ces beaux mots ne sont qu’autant de bien perdu.