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Page:Scarron-oeuvres Tome 6-1786.djvu/448

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Et si vous m’aimez bien, notre cher commandeur,
Qu’on ne me montre plus le vilain harangueur ;
S’il ne revient encor faire ses renifflades,
On me verra, ma foi, sur lui faire gourmades.
Ne le voilà-t-il pas ?

Le harangueur passe au travers du théatre.
d. alvare.

                               Il n’a fait que passer.

d. japhet.

Qu’il ne passe donc plus, ou bien c’est m’offenser.
Pour un si grand seigneur, vous avez, ce me semble,
Autant de francs gredins qu’on puisse voir ensemble :
Ils ont la mine tous d’être de grands vauriens,
Et je ne voudrois pas les changer pour les miens.

le commandeur.

C’est par trop de chaleur, qu’ils ont pu vous déplaire.

d. japhet.

Ou sottise, ou chaleur, ils auroient pu mieux faire :
Mais pour vous obliger, j’oublierai le passé.
Je suis venu vous voir de mon amour pressé,
Engendré dans mon cœur par votre Léonore :
Que me répondez-vous ?

le commandeur.

                             Que votre amour l’honore.

d. japhet.

Oui, mais j’en mourrai, moi, si vous ne vous hâtez,
Car je suis fort pressé de mes nécessitez :
Nous autres esprits chauds nous pressons les affaires,
Il faut donc donner ordre aux choses nécessaires.

le commandeur.

Ne précipitons rien.

d. japhet.

                              Je meurs, d’homme d’honneur.

le commandeur.

Je viens de recevoir ordre de l’empereur
De vous bien régaler ; de plus, il amplifie
D’un brevet de marquis dom Japhet d’Arménie.