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Page:Scarron-oeuvres Tome 6-1786.djvu/451

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foucaral.

Un maître que j’avois y fut pendu tout vif,
Pour avoir seulement coupé le nez d’un Juif ;
Le juge en est sévére.

d. japhet.

                                            On y fait donc justice ?

foucaral.

C’est le meilleur bourreau qui soit dans la Galice.

d. japhet.

Je veux faire pourvoir dans les prochains états,
À la confusion de tant de marquisats :
Fais-m’en ressouvenir. Ô future marquise,
Vous voyez que le ciel mes desseins favorise !
Mais, mon cher commandeur, concluons vîtement,
Je suis de mon amour pressé cruellement,
L’humide radical dans mon cœur s’en dissipe,
Mon esprit s’en altére et mon corps s’en constipe.

le commandeur.

Tenez bon quelque tems.

d. japhet.

                                            Ô ciel ! qui le pourroit ?
Mon amour me conduit à mon trépas tout droit.

le commandeur.

Encor faudroit-il bien donner ordre aux affaires,
Vos noces ne sont pas des noces ordinaires,
Il y faut des ballets, des combats de taureaux.

d. japhet.

Taureaux, j’en suis, je veux y jouer des couteaux,
Et donner au public, sans crainte de leurs cornes,
Échantillon sanglant de ma valeur sans bornes.
Je veux tauricider avec mon seul laquais.

foucaral.

Tauricidez tout seul.

rodrigue, tout bas à l’oreille du commandeur.

                                      Madame Anne Enriquez
Dans la cour du château présentement arrive,
Si mal, qu’on ne croit pas dans deux jours qu’elle vive.