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Page:Scarron-oeuvres Tome 6-1786.djvu/470

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le commandeur.

                                  Ainsi nud à telle heure ?

d. japhet.

Je m’en allois baigner.

le commandeur.

                                        En hiver ?

d. japhet.

                                                                Oui, je meure.
L’amour mon pauvre corps a si fort enflammé,
Que je puis me baigner sans en être enrhumé.
Amour ! par ta bonté rends l’échelle invisible.

le commandeur.

Autant que la saison votre amour est terrible,
Et l’on peut vous nommer un amoureux sans pair,
De vous baigner ainsi dans le fort de l’hiver.

d. japhet.

Foi de fidéle amant, présentement je sue.

rodrigue.
Avec les habits de D. Japhet.

J’ai trouvé ces habits au détour de la rue ;
Un homme qui fuyoit les tenoit embrassés,
Il les a laissés cheoir, je les ai ramassés.

le commandeur.

À qui sont ces habits ?

foucaral.

                                         Ce sont ceux de mon maître,
Je les reconnois bien.

d. japhet.

                                          Cela pourroit bien être.
Je les avois donnés à garder à mes gens ;
Ils les ont égarés, car ils sont négligens.

le commandeur.

Seigneur Japhet, venez chauffer votre personne,
Et prenez vos habits, la chaleur vous est bonne.