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Page:Scarron-oeuvres Tome 6-1786.djvu/49

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Va querir mon épée, et prends aussi la tienne,
Et lanterne, et poignard.

Ordugno.

Et lanterne, et poignard.Faut-il que Merlin vienne ?

D. Blaize.

Non. Qu’on m’ouvre, aussi-tôt qu’on m’entendra siffler.

Il sort.

Je reviens à l’instant.

Merlin.

Je reviens à l’instant.Où veut-il donc aller
Si tard ?

D. Sanche.

Si tard ?Tu le sauras devant que la nuit passe,
D’où viens-tu toi ?

Merlin.

D’où viens-tu toi ?Je viens de perdre à tope et masse
Un petit diamant dont m’avait fait régal
La belle Stefanie, honneur de Portugal.
Il n’en est pas au monde une plus folle qu’elle,
Je la viens de trouver avecque sa sequelle,
C’est-à-dire Louize et son Olivarès,
Assiégeant ce logis ; et de loin et de près,
Elle, ou quelqu’un des siens, n’en quitte pas la porte,
Guignant les gens au nez, soit qu’on entre ou qu’on sorte.
Dans ses mains par malheur je suis tantôt tombé,
Et sous ses questions j’ai quasi succombé.
Elle m’a fait sur vous mille et mille demandes,
Quand elle m’auroit fait autant de réprimandes,
Je crois sur mon honneur, qu’elle m’eût moins pesé.
Quelqu’un dans son esprit vous a démarquisé ;
Je l’en trouve pour vous un peu moins échauffée,
Et même je la tiens de Dom Blaize coëffée,
Et que c’est pour lui seul qu’elle bat le pavé.

D. Sanche.

Je voudrois de bon cœur qu’elle l’eût enlevé.

Merlin.

Le marquisat sans-doute a donné dans son tendre,
Un marquisat aussi n’est pas mauvais à prendre.