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Page:Scarron-oeuvres Tome 6-1786.djvu/504

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Hé bien chère Marine ?

MARINE.

                Elle rentre. 

Il faut attendre encore : [370]

Si vous m'en demandez la raison, je l'ignore,

Entrez dans cette chambre, et quand je le pourrai

À l'objet de vos voeux, je vous présenterai.

Je vous enferme ainsi pour éviter son frère,

Qui d'elle étant jaloux, et ne vous aimant guère, [375]

S'il allait vous trouver, ferait quelque rumeur.

DOM-SANCHE, s'enferme.

Je remets en tes mains ma vie, et mon honneur.

MARINE, seule.

Ma Maîtresse est pour lui terriblement changée,

À son nom seulement elle a fait l'enragée,

Sans doute elle aura su que Dom Sanche à la Cour [380]

Pour n'être pas oisif a fait un peu l'amour :

Mais la voici.

FLORE.

Je viens encore te le dire :

Quand tu vois qu'aujourd'hui, je pleure et je soupire,

Tu crois que c'est l'amour qui me tourmente ainsi.

Non, ce n'est plus l'amour qui cause mon souci. [385]

Une autre passion à l'amour opposée

Aussi bien que l'amour à vaincre malaisée,

Me fait haïr Dom Sanche, il aimait à la Cour,

L'ingrat que je crois si fidèle en amour :

Mais le Ciel ennemi de l'amant infidèle, [390]

A puni depuis peu la flamme criminelle.

Un rival m'a vengée ; un rival l'a blessé :

Je sais de bonne part comme tout s'est passé,

Et le traître viendra me protester encore,

Qu'il n'est né que pour moi ; qu'il m'aime, qu'il m'adore. [395]

Il ne m'attrape plus à ses trompeurs appas.

MARINE.

Et s'il vient pour vous voir ?

FLORE.

Il ne me verra pas.