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Page:Scarron-oeuvres Tome 6-1786.djvu/511

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On ne vous crut pas mort des rigueurs d'une absence : [510]

Mais d'un coeur sans pitié : c'est le bruit de Valence :

Quelle apparence aussi de vivre sans amour,

Entre tant de beautés qui brillent à la Cour ?

DOM-SANCHE.

Pour une autre que vous, moi soupirer Madame ?

Ha ! Vous connaissez mal les secrets de mon âme. [515]

FLORE.

Je les ai mal connus, mais je les connais mieux,

Depuis que vous avez abandonné ces lieux.

DOM-SANCHE.

Sur quelque faux rapport, vous en jugez peut-être.

FLORE.

Hé bien ! J'avouerai donc de ne le pas connaître

DOM-SANCHE.

Ha ! Cette indifférence est un signe apparent. [520]

FLORE.

Que vous ne m'êtes plus qu'un homme indifférent.

Et que faussant la foi que l'on m'avait promise,

On perd de mon amour l'espérance permise.

DOM-SANCHE.

Je ne vous puis nier qu'un funeste accident.

FLORE.

Voulez-vous déguiser un mensonge évident ? [525]

Songez que votre front qui rougit et se trouble,

Me parle malgré vous contre votre âme double.

DOM-SANCHE.

Que ne pourrait troubler un sort si malheureux ?

Ma partie est mon Juge, et Juge rigoureux.

FLORE.

Je ne veux point ces noms de juge, et de partie, [530]

Je veux absolument que Dom Sanche m'oublie :

Je lui permets aussi s'il veut de me haïr.

DOM-SANCHE.

Il mourra bien plutôt que de vous obéir.

FLORE.