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Page:Scarron-oeuvres Tome 6-1786.djvu/513

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Tout est perdu.

FLORE.

Quoi donc ?

MARINE.

L'on frappe, et je soupçonne

Que c'est pour nos péchés votre frère en personne.

FLORE.

Quel accident Marine !

MARINE.

Où les cachera-t-on ? [560]

FLORE.

Que sais-je ? Où tu voudras ; songe.

MARINE.

Dans le balcon.

Et si l'on veut l'ouvrir, la clef sera perdue ;

En tout cas, ils n'auront qu'à sauter dans la rue.

FLORE.

On refrappe, hâte-toi de cacher cet ingrat.

MARINE.

                Ils s'en vont. 

Il paraît tout contrit.

FLORE.

Ce n'est qu'un scélérat. [565]

Ô qu'il est malaisé de garder sa colère,

Quand celui qui la cause, a le secret de plaire,

Et que le souvenir d'une offense d'amour

Dure trop dans un coeur, s'il dure plus d'un jour.

À peine ai-je fait craindre une éternelle absence [570]

À cet ingrat amant que j'aime, et qui m'offense.

Que j'ai peur de le perdre, et mon coeur impuissant

Qui le hait criminel, le souhaite innocent ;

Amour trop violent ! Trop sévère conduite !

De vos conseils divers quelle sera la suite ? [575]

Chasserai-je un ingrat qui vient de me trahir ?

Saura-t-il que mon coeur ne le saurait haïr ?

Qui peut s'imaginer le trouble de mon âme ?


Scène VIII

Marine, Flore