Page:Scarron-oeuvres Tome 6-1786.djvu/517

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éreux :

Je crois l'avoir en vous qui m'aimez et que j'aime, [660]

Comme un très cher parent, comme un autre moi-même ;

Et qui caché chez moi, sans qu'on en sache rien,

Verra de ma famille, et le mal et le bien ;

Y veillera pour moi, tandis que mon absence,

Pour de pareils desseins donne toute licence. [665]

Afin de mieux cacher cet important secret,

De votre prompt départ, je feindrai du regret,

Et ferai vos adieux à votre Léonore.

Par bonheur tout le monde est dans le lit encore,

Et hors votre valet.

DOM-CARLOS.

Pour lui ne craignez rien. [670]

Fiez-vous-y sur moi.

DOM-LOUIS.

La feinte ira donc bien.

Caché dans cette chambre, où j'enferme mes livres,

Où seul j'aurai le soin de vous porter des vivres,

Et dont seul j'ai la clef, vous pourrez aisément

Découvrir les auteurs de ce dérèglement. [675]

Je rougis de l'emploi qu'il faut que je vous donne.

DOM-CARLOS.

Gardez ce compliment pour une autre personne

Sur qui vous n'avez pas un absolu pouvoir.

Nous en blâmions l'excès, vous et moi hier au soir ;

M'en faire, c'est douter de l'ardeur de mon zèle ; [680]

Mais Fabrice revient.


Scène II

Dom Carlos, Dom Louis

FABRICE.

Vous dire une nouvelle

Qui déplaît à Fabrice, et qui vous déplaira.

DOM-CARLOS.

Qu'est-il donc arrivé ?

FABRICE.

Dom Pedre de Lara,