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Page:Scarron-oeuvres Tome 6-1786.djvu/537

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FLORE}}.

Je vous obéirai. Quel destin est le nôtre ? [1095]

Dom Sanche fut toujours mon espoir, et mon bien ;

Il possède mon coeur, je possède le sien,

Et par une funeste et bizarre aventure,

Par une loi d'honneur ; mais des lois la plus dure,

Il faut que ce soit moi, moi qui n'aime que lui, [1100]

Qui traite son Hymen, mais hélas pour autrui.

Ainsi je hâterai l'heure de mon supplice ;

Ainsi contre moi-même il faut donc que j'agisse,

Et qu'ayant tous les jours à cacher mes ennuis,

J'aie à passer en pleurs mes solitaires nuits ; [1105]

Mais devant que donner à ce penser funeste

Les malheureux moments que ma vie a de reste,

Voyons Dom Sanche encore, et tâchons de savoir

Quelle part en son coeur je puis encore avoir,

Et pour peu que l'ingrat en son devoir hésite, [1110]

La mort aux malheureux n'est jamais interdite :

Ce remède assuré des maux qui n'en ont pas,

Ne peut intimider que des courages bas.

Marine à moi.


Scène III

Léonore, Flore, Dom Carlos

LÉONORE.

Madame ?

FLORE.

Aimable Léonore ?

Avez-vous nom Marine, et servez-vous encore ? [1115]

LÉONORE.

Me ravir cet honneur, c'est vouloir tout m'ôter.

DOM-CARLOS à part, entrouvrant la porte de sa chambre.

J'entends mon infidèle, il la faut écouter.