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Page:Scarron-oeuvres Tome 6-1786.djvu/552

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Enfin, je découvris que cette beauté fière,

Pour un autre que moi ne se ménageait guère,

Qu'un bienheureux rival qu'elle favorisait,

Était riche des biens qu'elle me refusait ; [1450]

Et qu'à ce Cavalier elle s'était donnée

Sous l'incertaine foi d'un futur hyménée.

Je la surpris enfin avec son cher amant...

FLORE.

Je sais de vos amours le triste événement ;

Mais ingrat, puisqu'il faut qu'on vous le dise encore, [1455]

Sous ombre de me voir, vous vîtes Éléonore,

Vous l'avez dit vous-même.

DOM-SANCHE.

Il est vrai que je le dis.

Pour cacher notre amour aux fâcheux Dom Louis.

Il a pu voir l'horreur que me fit sa présence,

Outre que j'ignorais qu'elle fut à Valence. [1460]

Mais devez-vous m'offrir un semblable parti ?

L'honneur avec la honte est-il bien assorti ?

Et quand j'y trouverais un notable avantage,

Prendrais-je pour ma femme, une fille peu sage,

Qui suit depuis Madrid un amant jusqu'ici, [1465]

Et peut-être un amant qui n'en veut plus aussi ?

DOM-CARLOS d'où il s'est caché.

J'ai donc cru faussement Léonore coupable :

Hélas ! Que je le suis, et qu'elle est adorable !

FLORE.

Enfin, il faut finir qu'avez-vous résolu ?

DOM-SANCHE.

Quand vous l'ordonneriez d'un pouvoir absolu, [1470]

Vous seule Déité qu'ici-bas je respecte,

De n'épouser jamais une femme suspecte.

FLORE.

Que d'étranges malheurs vous êtes menacé !

DOM-SANCHE.

Si vous ne m'aimez plus, le plus grand est passé.

FLORE.

Ne suivez plus un bien qui ne se peut atteindre, [1475]

Songez aux ennemis que vous aurez à craindre.

DOM-SANCHE.