Page:Scarron-oeuvres Tome 6-1786.djvu/577

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amment,

   Par un indigne sort, sous une main barbare,
   Tombe, & me laisse aux maux que sa mort me prépare.
   Ha! sa perte m'apprend que la fidelité,
   Est une vertu vaine, & sans utilité,
   Mais il est temps, ma soeur, d'aller où nous appelle
   De nos propres sujets, l'assemblée infidelle;
   Allons voir Nicanor, d'un prétexte pieux
   Deguiser les desseins d'un coeur ambitieux;
   Et son fils Amintas qu'un mesme esprit inspire,
   Couvrir de son amour son dessein pour l'Empire,
   Mais leur ambition outre l'ordre du Roy,
   Aura besoin encore, & de vous, & de moy,
   Si vous voulez ma soeur estre d'intelligence,
   Et comme moy contre-eux vous armer de constance,
   Nous les obligerons ces Tyrans odieux,
   De recourir au crime, & d'offenser les Dieux,
   Et peut-estre le Ciel qu'irrite le Coupable,
   D'ennemy qu'il nous est, deviendra favorable.

Fin du premier Acte



ACTE II



Scène I


NICANOR, ELISE, ALCIONNE, AMINTAS.


NICANOR.

   Madame, je veux bien icy vous repeter,
   Ce que dans le conseil je viens de protester,
   Que mon fils Amintas vous ayme, & vous adore,
   Et qu'il mourra plustost du feu qui le devore,
   Que de se prevaloir des volontez du Roy,
   Pour un bien qu'il n'attend que de sa seule foy.

ELISE.

   Je vous l'ay déja dit, & je vous le repete,
   J'ay du ressentiment de sa flâme discrette,
   Et c'est de tout mon coeur que je voudrois aymer,
   Celuy dont la vertu ne peut trop s'estimer:
   Mais j'atteste les Dieux que je ne le puis faire,
   Et s'il n'est point aymé, que c'est sans me déplaire.