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Page:Scarron-oeuvres Tome 6-1786.djvu/63

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Scène IV

DOM BLAIZE, D. COSME, D. SANCHE, BLANCHE,
LIZETTE, MERLIN, ORDUGNO.
D. Blaize.

Et je soutiens encor qu’il ne faut rien presser.

D. Sanche.

Et je soutiens aussi qu’une semblable affaire
Se hasarde beaucoup, alors qu’on la différe.

D. Blaize.

Et moi, je resoutiens qu’on ne hasarde rien,
Quand on différe un peu ce qu’on retrouve bien.
Si les grands de la Cour n’étoient pas à ma noce,
Si j’allois emprunter ou louer un carrosse,
Pour aller à l’Église, au-lieu d’en avoir un
En propre, et d’un ouvrage au-delà du commun ;
Si Blanche en pareil jour étoit si mal en ordre,
Que le moindre bourgeois y pût trouver à mordre :
Enfin si j’épousois votre fille en gredin,
Ne me croiroit-on pas un fou, vous un badin ?
Ne passerois-je pas, ô trop hâté dom Cosme !
Pour le plus grand vilain qui soit dans le royaume ?
Ne serois-je pas fat, et même plus que vous,
(Ceci soit dit pourtant sans vous mettre en courroux)
Si je ne rendois pas célébre la journée
Qui se pourra vanter de mon noble hyménée ?
Je veux que bals, festins, musiques, et taureaux,
Carrousels et combats de barriére aux flambeaux,
Fassent parler en cour de ma magnificence :
Je différerai donc, avec votre licence.

D. Cosme.

Il faut donc différer, je ne conteste plus ;
Mais bals, festins, tournois sont des frais superflus.
À la cour aujourd’hui, l’on ne s’en pique guére.
Il n’est donc pas besoin pour cela qu’on différe.

D. Blaize.

Cet homme me fera bientôt désespérer.
Il ne conteste plus, il veut bien différer,