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Page:Scarron - Le Virgile travesti, 1889.djvu/121

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Du pauvre capitaine grec
Dont j’avais balafré le bec :
Sur son timbre, au lieu de panache,
Il portait deux cornes de vache.
Riphée et Dymas, comme il fit,
Changèrent d’armes et d’habit.
Ainsi que lui font tous les nôtres.
Je m’arme aussi comme les autres,
Et, de Troyens Grecs devenus,
Nous allâmes, les glaives nus
(Mais certes les Dieux bien contraires),
Chercher nos cruels adversaires.
Nous ne fûmes pas trop longtemps
Sans en avoir le passe-temps ;
Effrontément nous nous mêlâmes
Parmi ceux que nous rencontrâmes,
Et puis, quand il fut à propos
De la part de dame Atropos,
Nous portâmes dans leurs postères
Des estocades mortifères,
Et disions : « Je n’y pensais pas »,
Quand, portant trop haut ou trop bas,
Nous n’ajustions pas bien la botte.
L’invention n’était pas sotte.
Mais, malgré les dieux et leurs dents,
Les mortels sont bien imprudents
De penser faire quelque chose :
L’homme propose et Dieu dispose.
Ainsi toute l’occision
Fut à notre confusion,
Et nous gâtâmes notre affaire.
Pour en avoir voulu trop faire.
Ceux qui nous venaient rire au nez
Se trouvaient bien fort étonnés,
Quand, au lieu d’avoir des caresses,
Les coups de nos dagues traîtresses
Leur faisaient voir bien clairement
Que nous n’allions pas rondement.
Les Grecs qui de nous échappèrent
Parmi les Grecs nous décrièrent,