Aller au contenu

Page:Scarron - Le Virgile travesti, 1889.djvu/178

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

t que l’on eut servi,
Tout aussitôt tout fut ravi
Par ces franches écornifleuses.
O bon Dieu ! les braves mangeuses !
Le chancre près d’elles n’est rien,
Quoiqu’un chancre mange très bien.
Mais les porques dégobillèrent,
Et toutes nos nappes souillèrent,
Et cette insolente action,
Etrange à notre nation,
Me mit tout de bon en colère.
Après avoir fait bonne chère,
Elles se devaient contenter ;
Mais ainsi nos nappes gâter,
Cela passait la raillerie,
Et c’était trop d’effronterie
A ces parasites d’oiseaux,
Plus malfaisants que des corbeaux !
J’ordonnai donc qu’on prît les armes,
Pour leur donner quelques alarmes ;
Tous nos gens en furent contents,
Et cachèrent en même temps
Sous l’herbe dagues et rondelles,
Afin de nous délivrer d’elles.
Nous fîmes, pour les attirer,
Un autre repas préparer.
Près de là nous nous écartâmes,
Et soigneusement les guettâmes.
Les trois goinfresses, aussitôt
Qu’elles sentirent notre rôt,
S’en revinrent la gueule fraîche,
Afin d’en faire la dépêche.
Misènus, du haut d’un rocher,
Se mit aussitôt à hucher,
Et de sa trompe entortillée
A notre troupe appareillée
Donna le signal de sortir.
Faisant nos armes retentit,
Nous commençâmes la bataille,
Chamaillant d’estoc et de taille :