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Page:Scarron - Le Virgile travesti, 1889.djvu/185

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Ou si… — De grâce, brisons-là, "
Me dit-elle. En disant cela,
La bonne dame devint rouge
De honte qu’on l’estimât gouge ;
Mais l’être par nécessité,
Ce n’est qu’un peu l’avoir été.
"O Polyxène bienheureuse,
Dit-elle après, toute pleureuse,
Alors qu’on lui coupa le col !
Quand avec un honteux licol
On aurait terminé sa vie,
Encor lui porterais-je envie ;
Au lieu que servir un soldat,
Qui le plus souvent n’est qu’un fat,
Qui vous a gagnée à la chance,
C’est une très piteuse chance ;
Outre que, quand on ne plaît plus,
Il vous vend pour un carolus.
Ma fortune a bien été pire,
D’être faite esclave de Pyrrhe,
Esprit superbe et sans repos,
Qui me battait hors de propos,
Comme si j’eusse été du plâtre ;
De plus, fils de l’acariâtre
Par qui mon mari fut vaincu,
Et son corps, à l’écorche-cul
Traîné le long de notre ville,
Action, ma foi, peu civile,
Quoique mon corps soit bon et beau,
Il fut bientôt soûl de ma peau ;
Ayant passé sa fantaisie,
Sans que j’en eusse jalousie,
Pour la Spartaine Hermioné
Il devint quasi forcené
D’un amour qui n’eut point de bornes :
Oreste, qui sentit les cornes
Lui durcir les deux coins du front,
Ne put souffrir un tel affront,
Et, rempli d’une rage extrême,
A mon galant de Neptolème,