Aller au contenu

Page:Scarron - Le Virgile travesti, 1889.djvu/227

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

D’un côté le Gétulien,
Larron comme un bohémien ;
De l’autre côté le Numide,
Qui chevauche sans mors ni bride,
Les Syrtes inhospitaliers,
Et les Barcéens bandouliers,
La ville de Tyr offensée,
Votre Majesté menacée
Par notre frère, un vrai pendard,
Qui nous gâtera tôt ou tard ;
Ces ennemis-là mis ensemble
Vous avertissent, ce me semble,
Que vous devez songer à vous.
On vous viendra rouer de coups ;
Au lieu qu’étant femme d’Enée,
Dont la flotte, ainsi malmenée,
Ne se trouve en ce port, sinon
Par l’entremise de Junon ;
Avec ce personnage, dis-je,
Si quelque voisin vous afflige,
Et pense vous inquiéter,
Vous avez de quoi le frotter.
O que votre ville naissante
S’en va devenir florissante,
Et que cet hymen bienheureux,
Par ces Phrygiens valeureux,
Va rendre notre état punique
Victorieux et magnifique !
Vous n’avez qu’à remercier
Les dieux du ciel, et les prier
Que ce grand hymen s’accomplisse,
Et qu’Aeneas l’on divertisse
Si bien que, sans courir ailleurs
Ni chercher des gîtes meilleurs,
Auprès de vous il s’accagnarde.
O ma sœur ! prenez-y bien garde,
Inventez bien adroitement
Des sujets de retardement.
Que de jour en jour on l’amuse ;
Faites excuse sur excuse,