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Page:Scarron - Le Virgile travesti, 1889.djvu/249

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Il la dissipe en un instant.
Avec ce bâton important
Il donne aussi sur les oreilles,
Et mille autres belles merveilles
Que je n’ai loisir de conter,
De peur de le trop arrêter.
Le voilà déjà qui côtoie,
Comme un aigle et non comme une oie,
Les flancs de son grand-père Atlas,
Vieillard qui doit être bien las
Depuis que son échine forte
Toute la masse du ciel porte.
Ce mont a sur sa sommité
Des grands sapins en quantité,
Qui couvrent sa tête et sa nuque
Et lui font comme une perruque.
De son gros chef couvert de bois
S’exhale maint nuage épois
Qui le cache et qui l’environne,
Et lui fait comme une couronne
Sa bouche crache des ruisseaux,
Dont les froides et claires eaux
Se séparent en plusieurs fleuves ;
Tous les hivers, des neiges neuves
Lui font un justaucorps nouveau,
Qui ne quitte jamais sa peau,
Et toujours neige dessus neige
Son ventre et son grand dos allège
Contre le soleil toujours chaud
En ce climat plus qu’il ne faut.
Sa barbe, magasin de glace,
Fait honneur à sa large face,
Car la glace sied au menton
Mieux que la laine ou le coton.
Là, le Dieu porte-caducée
Fit sa première reposée,
Et puis, hachant dru et menu,
De ses quatre ailes soutenu,
Vint fondre sur les eaux salées.
Avec ses ailes étalées,
Il