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Page:Scarron - Le Virgile travesti, 1889.djvu/303

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Je célébrerais ce saint jour.
Aujourd’hui que, par un bon tour
Que Dame Fortune me joue,
Dont, ma foi, beaucoup je me loue,
Nous sommes par les vents poussés
Où nous avons ses os laissés,
Il faut que je les solennise :
Préparons-nous-y sans remise.
Prions les dieux, d’un zèle chaud,
Que nous puissions trouver bientôt
Cette terre tant désirée,
Où, retraite étant assurée,
Et murs, avec chaux et ciment,
Elevés magnifiquement,
Tous les ans nous y puissions faire
Un solennel anniversaire.
Acestes à chaque vaisseau
Donnera le père d’un veau,
Ou bien deux, si je ne me trompe ;
Demain, à grand éclat et pompe,
Un sacrifice l’on fera,
Où nos dieux on invitera,
Et ceux de mon compère Aceste.
Que chacun s’y rende bien leste,
Qu’on n’y fasse point les badins,
Qu’on n’y vienne point en gredins,
Ni les dames en martingales,
En collets et chemises sales,
Mais avec leurs plus beaux atours,
Que l’on ne porte qu’aux grands jours,
Verbi gratia, les dimanches,
Et surtout des chemises blanches ;
Et, si le céleste flambeau
Dans neuf jours paraît assez beau
Pour croire que de la journée
Eau du ciel ne sera donnée,
Je vous proposerai des jeux
Où je régalerai tous ceux
Qui remporteront l’avantage.
J’entends que le long de la plage