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Page:Scarron - Le Virgile travesti, 1889.djvu/354

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Sur cette méchante action,
En signe d’admiration.
Une d’entre elles, fille antique,
Autant qu’une vieille rubrique,
Une parfaite virago,
Qui s’appelait dame Pyrgo,
Quoique d’humeur un peu fâcheuse,
Sur la famille tant nombreuse
Du pauvre Priam ruiné,
Elle avait longtemps dominé
Comme nourrice et gouvernante,
Elle était fameuse pédante,
Qui cent fois fouetta pour rien
Les filles du roi phrygien ;
Cette vénérable antiquaille,
D’un ton de chatte qui criaille,
Quand Iris lança le tison,
Allongeant un grand col d’oison,
Proféra ces mêmes paroles :
"N’êtes-vous pas de grandes folles,
De croire que c’est Béroé ?
Le personnage est bien joué ;
Mais fort peu souvent je m’abuse,
Et, quoique je sois bien camuse,
Je trouve ici bien du qu’as-tu,
Autant que ferait nez pointu.
La Béroé gît dans sa chambre,
Souffrant du mal en chaque membre,
Outre un fort grand dévoiement,
Qui la fait jurer diablement,
De n’être pas, comme les autres,
A réciter des patenôtres
Et Requiescat in pace
Pour maître Anchise trépassé.
Pour celle-ci, la malepeste !
C’est une donzelle céleste :
Son gousset sent le romarin ;
Remarquez bien son air divin,
Son visage, son encolure,
Son ton de voix et son allure."