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Page:Scarron - Le Virgile travesti, 1889.djvu/367

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 promit qu’il aurait
Grand soin de ceux qu’on laisserait.
On fit égorger quelques bêtes,
Une brebis pour les tempêtes,
Et pour Eryx le Fierabras,
Trois veaux qui n’étaient pas trop gras.
On fit embarquer tout le monde,
On tira les ancres de l’onde.
Quand un chacun fut embarqué,
Aeneas s’étant colloqué
A la proue, assis à son aise,
Sur une malle, au lieu de chaise,
De verte olive couronné,
Un pot de vin lui fut donné,
Qu’il versa dans les eaux salées ;
Des quatre bêtes immolées,
Les entrailles il répandit
Dans l’eau, qui point ne les rendit,
Et qui sans doute en fit curée.
Aux braves filles de Nérée.
A peine avait-il achevé,
Qu’un petit vent s’étant levé,
Les rames d’un temps se haussèrent,
Dans l’eau de la mer se sauçèrent,
Et, se sauçant et dessauçant,
Le rivage allèrent laissant,
D’où les yeux longtemps les suivirent,
Et maints bonnes gens les bénirent
Lors Vénus, songeant à son fait,
S’ajusta de maint attifet,
Et s’en alla trouver Neptune
En une heure fort opportune,
Car rien alors il ne faisait,
Et tout bonnement s’amusait,
La mer étant calme pour l’heure,
Faute d’amusoire meilleure,
A faire en mer des ricochets.
Un Triton avec des crochets,
Et quelquefois avec ses pattes.
Lui défroquait des pierres plates,