Aller au contenu

Page:Scarron - Le Virgile travesti, 1889.djvu/408

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Et puis marchaient cent belles-mères
Qui menaient autant de beaux-pères ;
Ensuite des fils de putains,
Pires toujours que des lutins ;
Des gendres, des brus, des dévotes,
C’est-à-dire fausses bigotes,
Qui tiennent que le grimacer
Peut tous les péchés effacer,
Et, sans être humble et charitable,
Qu’à Dieu l’on peut être agréable.
Il y vint aussi des bigots
Pires que Goths ni Visigoths ;
Ce sont les galants de ces sottes
Que je viens de nommer bigotes :
Ces gens-là, quoique doucereux,
Sont quelquefois bien dangereux.
Puis vinrent les Soins en grand nombre,
Tous la face grondeuse et sombre ;
Ils étaient suivis des Dépits.
Autant des grands que des petits ;
Ensuite force gouvernantes,
Toutes les haleines puantes ;
Force pédants et gouverneurs,
Aussi grands fats que grands parleurs ;
Des tyrans et des mauvais princes,
Un gros d’intendants de provinces,
Suivis de larrons fuseliers,
Mêlés de quelques maltôtiers ;
De créanciers une brigade,
Et des présenteurs d’estocade ;
Enfin tous les maux qu’ici-bas
On craint autant que le trépas.
Les Euménides, dont les nuques
Ont des serpenteaux pour perruques,
Et la Discorde, dont les crins,
Qui lui vont jusque sur les reins,
Sont des couleuvres venimeuses
A considérer très affreuses,
Avaient là leur appartement.
Tous ces serpents, dans le moment