Page:Scarron - Le Virgile travesti, 1889.djvu/42

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L’un fait un plancher, l’autre un toit,
Ici l’on mange et là l’on boit,
Les juges rendent la justice,
Ou travaillent à la police ;
Ici quelqu’un attache un clou,
Là quelque autre fait un grand trou,
Pour en faire puits, ou citerne ;
Là l’on bâtit une taverne,
Et là l’on bâtit un tripot,
Là l’on travaille du rabot,
Et là l’on exerce la scie,
Là la chaux vive est amortie,
Là l’on fait mal, là pas trop bien ;
Là fort peu de chose, et là rien,
L’un blanchit un mur, l’autre un âtre,
L’un travaille en chaux, l’autre en plâtre ;
Tout auprès d’un commode port
S’élève grand et vaste fort ;
Enfin, là l’on taille et l’on rogne,
Là l’on charpente, là l’on cogne,
Là je ne sais plus ce qu’on fait.
J’ai peur d’avoir fait un portrait
Assez long pour pouvoir déplaire,
Mais je ne saurais plus qu’y faire,
Et si j’allais tout effacer,
Ce serait à recommencer.
Hors la ville, c’est même chose :
Dans les champs pas un ne repose,
Les uns engraissent les guérets,
Les autres vont dans les forêts
Chercher de quoi faire une poutre,
Là les bœufs exercent le coutre,
Là l’éléphant lent à marcher
Traîne un grand quartier de rocher ;
Les uns pavent les avenues
De grandes pierres non cornues,
Les autres font un aqueduc,
Afin que la ville ait du suc.
Imaginez-vous des abeilles
Dont l’on conte tant de merveilles,