Page:Scarron - Théâtre complet, tome 3, 1775.djvu/288

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Les Déités sont offensées

En me faisant voir aux mortels,

Elles m'élèvent des autels

Dedans le fonds de leurs pensées ;

Les Astres me rendent honneur,

Les Éléments me font faveur ;

Bref, tout ce que le Ciel enserre,

Redoute mes efforts divers,

Et si je crachais sur la terre,

Je noierais tout l'Univers.

Chacun me doit des avantages

Selon son ordre et son pouvoir,

Tous les hommes font leur devoir,

Quand ils me rendent des hommages :

La terre me doit de ses fruits,

La guerre des feux et des bruits,

Le Printemps des lys et des roses,

La mer me doit des Alcyons,

Et les Dieux comme toutes choses

Me doivent des soumissions.

Que si le Destin s'abandonne

De me vouloir faire la loi,

Je lui montrerai comme quoi

Je peux châtier sa personne :

Car en bravant tous ses efforts,

Je mettrai son horrible corps

En butte devant le tonnerre,

Et prenant le monde au collet,

Je ferai de toute la terre

Une balle d'arc à jalet.