Page:Scarron - Théâtre complet, tome 3, 1775.djvu/296

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Mes bras de leurs moindres efforts,

Font choir dans l'Enfer plus de morts,

Que Cérès en Été n'a de javelles blondes,

Et d'un clin d'oeil en un moment,

Je puis détruire plus de monde,

Que le monde n'a vu de feux au Firmament.

Bref, tous les habitants des Cieux,

Ceux qui respirent en ces lieux,

Ceux qui volent en l'air, ceux qui nagent en l'onde,

Sont tous rangés dessous mes lois ;

Je suis maître de tout le monde,

Et le Roi souverain de tous les autres Rois.

Mais un Enfant audacieux,

Un petit Dieu qui n'a point d'yeux

Triomphe sans combat de mon humeur guerrière,

Il a d'un coup de son brandon

Mis tant de feux à mon derrière,

Que l'on l'entend péter comme un coup de canon.

Mon coeur en est tout enflammé,

J'en ai le corps tout consumé,

Déjà tous mes boyaux en sont réduits en cendre,

Et je crains par ces feux divers

Si le culier vint à se fendre,

Qu'un vent de mon ponant ne brûle l'Univers.

Allons donc trouver ce Docteur,

Ce vieux Singe, ce Radoteur,