Page:Scarron - Théâtre complet, tome 3, 1775.djvu/328

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Un jour, mille marauds qui me voulaient frotter.

Résolurent ensemble à m'user de surprise,

Moi rempli de fureur sachant leur entreprise,

Je les trouvai bientôt, afin de les heurter.

Mais, ventre, j'abordai ces malheureux pagnotes,

D'une telle vigueur

Que le vent de mes bottes

Leur brisa la cervelle, et leur creva le coeur.

Je me souviens qu'un jour, tous les Dieux de là-haut,

Me traitèrent le corps de discours, de paroles,

De chimères, de vents, d'idées, d'hyperboles,

Mais quoi, je n'en fus point satisfait comme il faut.

Et craignant justement de devenir malade,

D'un semblable festin,

Je fis une grillade

Des oreilles du Sort et du nez du Destin.

Aujourd'hui des Laquais me trouvant à l'écart,

M'ont donné quantité de bonnes bastonnades,

Mais cet affront m'a mis en de telles boutades,

Que j'en ai dévoré les murs d'un boulevard.

Enfin tout boursouflé, de dépit, de rancune,

De rage, et de fureur

J'ai roué la Fortune,

Écorché le Hasard, et pendu le Malheur.