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AUTRE STANCE DE MATAMORE.

Enfin les beautés de la Terre,

Rendent honneur à mes beaux yeux,

Leur naturel si glorieux

Fléchit aux traits que je desserre.

Je tiens ces humaines beautés,

J’ai dessous mes autorités,

Les cœurs des claires et des brunes,

Et si mes regards doux et beaux

N’empêchaient par pitié la mort de quelques-unes,

On les verrait crever et mourir par monceaux.

Tout fléchit sous ma destinée,

Et les traits d’Amour et de Mars,

Font tant de Morts par mes regards,

Que la Parque en est étonnée.

Un jour pour troubler mon repos,

Fortune me tourna le dos,

Mais, ventrebleu, par mes adresses,

Cette inconstante comme vent :

Reçut un coup de pied si rude dans les fesses,

Qu’elle n’ose plus tourner que le devant.

Si ma face est blême et périe,

N’en recevez pas moins d’effroi,

À cause du sang que je bois