Page:Schœlcher - Abolition de l'esclavage, 1840.djvu/148

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moins chargées que celles de vos tribunaux. »

Certes, on doit espérer mieux ; un tel régime ne pourrait subsister, et ce n’est pas le dernier mot des Noirs libres mais pouvait-on s’attendre même à si peu de troubles de la part de misérables les pieds encore gonflés des chaînes de la servitude ? Ces hommes libres, ne l’oubliez pas, ne sont encore que des esclaves émancipés ! De quelque façon qu’ils s’occupent, peu importe en réalité par quel genre de travail il leur plaît de gagner leur vie. Nous refusons, nous, formellement d’admettre avec les fauteurs de l’esclavage, « qu’il n’y a pas d’affranchissement acceptable s’il ne conserve à la population affranchie son caractère agricole[1]. » C’est encore de l’arbitraire, des conditions à ce qui n’en doit point avoir. Non, ce qu’il faut, c’est que la population affranchie ne tombe pas à la charge de la communauté, n’y apporte point d’embarras. Eh bien ! c’est ce qui arrive ; de légers désordres ne sont rien pour une si énorme mesure, et leur peu de gravité garantit un prompt retour à l’ordre. On doit espérer,

  1. M. Lacharrière, brochure de 1838 déjà citée.