Page:Schœlcher - Abolition de l'esclavage, 1840.djvu/160

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de l’homme sur l’homme est-il dit que cette usurpation ne doive pas avoir de fin ? Les colons parlent de droits acquis, de propriétés inviolables, mais à ce compte notre grande révolution serait donc coupable pour avoir détruit les droits de main-morte et tant d’autres droits exécrables qui n’étaient pas moins acquis aux gentilshommes que les esclaves aux possesseurs actuels ? N’est-ce pas absurde ?

Quoi qu’en disent les colons, l’abolition n’a pas besoin de leur consentement pour être légitime ; elle se légitime elle-même. Il y a une loi que ne peut prescrire aucune loi humaine, c’est celle de l’équité naturelle. La métropole est souveraine ; elle a souffert le crime, qu’elle répare le crime ! On a permis au maître de vivre en des conditions exceptionnelles ; qu’il se soumette à une juridiction exceptionnelle. Il est en dehors de la loi commune, qu’il fasse retour à la loi commune ! Pourquoi se plaindrait-il ? Si malgré la Constitution fondamentale du royaume on a pu l’autoriser à acheter des Nègres, on peut nécessairement lui retirer cette autorisation. La loi de France, plus libérale que Jésus, a rendu à l’homme la pleine posses-