Page:Schœlcher - Abolition de l'esclavage, 1840.djvu/170

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arche sainte, ses droits acquis ! Nous lisons dans le rapport d’une commission nommée en 1834, par le conseil colonial de l’Île-Bourbon, à propos d’un projet d’ordonnance concernant la condition des esclaves[1] : « La mobilisation des esclaves comme propriété, et surtout la disproportion numérique des sexes, ont été jusqu’à ce jour et continueront encore d’être pendant longtemps un obstacle aux mariages. » On voit que les colons eux-mêmes partagent notre avis sur ce point. En résume, la loi défend de séparer le mari de la femme ; mais elle n’aurait aucun moyen de répression contre un maître qui le ferait, car il répondrait à la loi : « Puisque vous reconnaissez que c’est ma propriété, que je puis en disposer comme bon me semble, vous ne pouvez m’empêcher de le vendre à la suite d’un acte qui l’a toujours laissé hors du droit civil. » Mais, dira-t-on, puisque le maître peut vendre l’esclave marié, vous ne devez pas avancer qu’il s’opposera toujours à son mariage.

  1. Le rapporteur de cette commission était M. P. de Greslan, conseiller colonial.