Page:Schœlcher - Abolition de l'esclavage, 1840.djvu/172

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libre peut acheter son père et en faire son esclave ! Combien de petits Blancs vendent les enfants, fruits de leur concubinage avec quelque Négresse de l’habitation ! Et ces monstruosités n’empêchent pas les fauteurs de l’esclavage d’écrire hardiment « que la servitude, loin de faire déchoir le Nègre, l’élève ; » — « que la servitude, loin d’arrêter la civilisation, au contraire, l’avance chaque jour ; » (M. Mollien) « que la servitude est pour le Noir le seul auxiliaire possible du progrès ; » (M. Lacharrière) « que l’état des Noirs importés dans l’Amérique est un progrès immense que l’on a fait faire à cette race d’hommes » (M. Favard.) — Mais dites-nous donc une fois, dites-nous donc ce que la race Noire a gagné à ce que des millions d’Africains vinssent mourir dans l’abrutissement et la misère sur les habitations de la Guadeloupe et de la Martinique ?

On voit qu’en traitant de l’abolition nous sommes bien dans notre sujet ; nous ne disons pas d’ailleurs que l’abolition suffise ; nous la présentons seulement comme base, comme pierre angulaire de l’édifice de réhabilitation. Il faudra tout de suite après s’oc-