Page:Schœlcher - Abolition de l'esclavage, 1840.djvu/21

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bien plus d’exercice de son intelligence. — Les fauteurs de l’esclavage vont-ils dire que les serfs russes, polonais et valaques sont des Nègres blancs, des blancs de l’espèce noire et faits pour être esclaves ? L’esclavage abrutit blancs ou noirs, voilà toute la vérité, et il faut ajouter, à la honte des Français du Nord, qu’ils n’ont jamais rien fait pour l’amélioration du sort de leurs serfs et leur acheminement nécessaire à la liberté.

Nous voulons donc établir que la prétendue pauvreté intellectuelle des Nègres est une erreur créée, entretenue, perpétuée par l’esclavage ; conséquemment ce n’est point leur couleur mais la servitude qu’il faut haïr.

De cette façon, nous sommes amenés à diviser notre travail à-peu-près comme les orateurs sacrés divisent leurs discours. Dans une première partie nous irons avec les voyageurs en Afrique étudier les Nègres chez eux ; nous rapporterons des récits textuels, et nous examinerons si les Africains sont aussi barbares qu’on le croit. Dans la seconde, nous les verrons transportés en Amérique et trouvant assez de force au fond de leur âme pour soulever quelquefois leurs chaînes. Si nous