Page:Schœlcher - Abolition de l'esclavage, 1840.djvu/42

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à cette tâche une partie de la nuit. Elles entremêlaient leur travail de chansons. J’en remarquai une qu’elles improvisèrent et dont j’étais moi-même le sujet. Une jeune fille chantait seule, et de temps en temps ses compagnes joignaient leurs voix à la sienne en forme de chœur. Ce chant était modulé sur un air doux et plaintif ; j’en ai retenu les paroles dont voici la traduction littérale :

Le vent mugit dans les airs ; la pluie tombe à flots précipités ; le pauvre homme blanc, faible et abattu, est venu s’asseoir sous notre palmier. Hélas ! il n’a point de mère pour lui présenter du lait, point d’épouse pour lui moudre son grain.

Le Chœur : Prenons pitié du pauvre homme blanc il n’a point de mère pour lui présenter, etc.

Les vierges grecques du sublime aveugle ont-elles une simplicité de mœurs plus délicate, une voix plus gracieuse que celle des vierges africaines qui improvisent et chantent doucement pour endormir l’homme pâle recueilli par leur sœur ? Peut-être la fille de cette bonne femme ou de quelqu’une de ces char-