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et les mêmes défauts, et, sous tous les rapports intellectuels et moraux, ce sont bien les mêmes hommes[1]. »

Dans un recueil de fables sénégalaises, publié en 1828, M. Roger fait connaître des fables africaines où les Nègres mettent en scène les hommes, les animaux et quelquefois les choses inanimées. Ils attachent à ces poésies un sens plutôt moral que satyrique. Ainsi que nous, ils prêtent à chaque bête un caractère particulier. Leur hyène est méchante et presque toujours dupe, comme le loup de La Fontaine ; leur lièvre, rusé et trompeur comme son renard. Le petit volume des fables recueillies par M. Roger est tout-à-fait remarquable ; citons-en une :

La Boule de beurre et la Motte de terre.

Une boule de beurre, une motte de terre,
N’ayant un jour ni feu ni lieu,
Roulaient en contrée étrangère.
Un voyage n’est pas un jeu ;
Pour vivre, en tous pays, il faut de l’eau, du feu.
Besoin s’en fit sentir à nos boules errantes.
La terre alla puiser de l’eau ;
Et la boule de beurre, à des flammes brillantes

  1. Bulletin de la Société géographique, 1827.