Page:Schœlcher - Abolition de l'esclavage, 1840.djvu/62

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La saillie ne manque pas plus aux Africains que le reste. John Newton, qui habita l’Afrique plusieurs années, accuse un Noir de fourberie. « Me prenez-vous pour un Blanc, répond l’autre avec fierté[1] ? » Ils ont aussi des aphorismes déliés jusqu’au paradoxe. Voici un proverbe africain : « Mieux vaut être couché qu’assis, assis que debout, debout que marcher, et mort que vivant. » Il n’est guère possible de faire de la paresse plus spirituellement. En fait de mépris, ils savent très-bien nous rendre celui que nous leur portons : Leur diable a la peau blanche. — On parle d’une espèce de répugnance qu’éprouveraient quelques Européens en voyant un Nègre pour la première fois. Chez les habitants de l’Afrique, il ne manque pas non plus de ces personnes nerveuses qui sentent de pareilles répulsions vis-à-vis d’un Blanc. Arrivé à Kouka, capitale du Bournou, le ma-

  1. Toughts upon the african Slave. Dans cet ouvrage, John Newton rapporte le fait d’un capitaine négrier qui, ennuyé d’entendre crier l’enfant d’une négresse pendant qu’il se promenait sur le pont, arrache l’enfant du sein maternel et le jette à l’eau.