Rico), nous trouvâmes une terrible protestation contre ces lois barbares, au nom desquelles on cherche à justifier un état social infâme. Trois chirurgiens entouraient un soldat qui allait expirer ; il avait la tête ouverte et les deux épaules brisées. Le malheureux, condamné à passer par les baguettes, s’était précipité du haut des remparts. Pour nous consoler de ce triste souvenir, disons qu’aux îles anglaises les lois prennent, d’année en année, plus de mansuétude, et se purgent des dernières traces de cruauté qu’elles conservaient. Le tread mill est partout livré aux vers et la législature d’Antigues par un act du 25 septembre 1840, celle de la Jamaïque, par un acte de la même année, viennent d’abroger pour toujours la peine du fouet. Les punitions barbares s’enfuient avec la barbarie propre à la servitude.
Pendant que nos créoles français disputent encore leurs rigoises aux progrès du siècle, les créoles anglais délivrés à peine depuis deux ans de l’esclavage, éloignent les châtimens corporels, même de leurs geôles et de leurs prisons !
Comparez les saintes inspirations de la liberté avec les sombres désirs de la servitude !
N’en faisons aucun doute, les peines ignominieuses et violentes seront effacées de notre code maritime et du code colonial, comme de toutes les législations du monde. Il faut que la vue ne soit plus affligée par l’affreuse rigoise que l’on trouve pendue à la muraille dans quelqu’habitation que l’on pénètre, Au reste, les mœurs générales qui s’épurent, attaquent sourdement la vieille puissance du fouet, elles le proscrivent en dépit des théories contraires. Nous avons entendu un avocat plaidant à Fort-Royal, dire en plein tribunal : « On aurait pu infliger la peine corporelle que nos codes autorisent encore, etc. » Il a été remarqué aussi que depuis plusieurs sessions, les tribunaux des îles ont assez souvent prononcé quinze jours, un mois, où trois mois de chaîne de police pour délits qu’ils punissaient autrefois de la rigoise. Ce sont là de bons symptômes, sur lesquels les réformateurs peuvent faire compte sans s’in-